Stéphane Lallemand et le jeu de l'histoire de l'art.
Nadège Moreau
http://www.regioartline.org/
18.11.07
L'oeil jamais figé, on imagine facilement Stéphane Lallemand
curieux de tout. Il suit son chemin qui le mène à faire étape
entre sculptures, dessins, photographies, etc... Un chemin qui ne semble suivre
qu'un objectif : ancrer un travail à multiples facettes et faisant
appel à autant de matériaux dans une réminiscence constante
à l'histoire de l'art.
C'est ainsi qu'en 1989 l'artiste décide de se confronter aux grands
noms de la peinture à travers le Télécran. Un objet inattendu
que l'artiste accroche comme un tableau. Chacun redécouvre alors «
son » jouet – depuis les années 1950 le Télécran
s'est vendu à 30 millions d'exemplaires - comme un objet précieux.
Une préciosité accentuée par la difficulté technique
domptée par Stéphane Lallemand car derrière la vitre
et le cadre en plastique rouge, vert, rose, jaune, se cache à chaque
fois une réelle prouesse de la main. La grande odalisque traitée
en Télécran c'est l'objet de la patience...
Une patience qui trouvera ses limites en 1992. Alors que l'artiste a présenté
ses dessins sur Télécrans partout ou presque, que des collectionneurs
s'en sont faits acheteurs et que les FRAC également, Stéphane
Lallemand arrête ce qui en fait ne l'amuse plus.
Pause.
Et l'artiste de ne pas s'en justifier : « Un artiste ne devrait pas
avoir de trous dans son CV, il devrait y avoir une augmentation progressive
du nombre et de la notoriété des expositions auxquelles il participe.
A un moment de ma vie, j'ai eu le sentiment de n'avoir plus grand chose à
dire en art et j'ai cru pouvoir privilégier des activités "alimentaires"
(dessin animé, créations multimédias) plutôt que
de me répéter dans un travail artistique. Je n'avais pas envie
d'occuper la scène sans rien avoir à dire... » c'est ce
que le web visiteur peut lire sur le site de l'artiste. Le décor est
planté. Stéphane Lallemand ose rompre les fils qui le relient
à un monde de l'art qui risquerait de systématiser son univers
de touche à tout.
Oser les pérégrinations. Afficher une forme de dilettantisme.
Emprunter une autre voie...
En 2004, il expose au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg.
Photogénies, un univers photographique puissant et troublant quand
il s'agit de la série Chardons ardents ou Les Fruits Défendus.
Défendu, justement, de trouver ces photos belles quand le visiteur
sait qu'elles sont issues de l'univers pornographique d'internet ?!
Stéphane Lallemand s'amuse du regard du visiteur...
Un jeu dont une nouvelle partie se jouera à l'exposition collective
Etat des Lieux 01. L'artiste y présentera dessins et nouvelle série
photographique où le spectateur pourra notamment s'amuser à
recompter les vertèbres tatouées de La grande odaslique... Encore
elle...
L'histoire continue.