Texte de Stéphane Lallemand
Les belles images…
Je suis né à Epinal* la « Capitale des images ».
Tout au moins, c’était le slogan peint sur des effigies découpées
placées sur le bord de la route aux entrées de la ville qui
représentaient un Chat botté, Cadet Roussel, un Saint Nicolas
et son baquet d’enfants et je crois un Chaperon Rouge.
De l’art, je ne connaissais à l’époque que les images
de ses reproductions publiées dans des magazines, dans mon Petit Larousse
Illustré ou encore sur les grandes photographies en noir et blanc accrochées
sur les murs de ma salle de classe à l’école primaire.
Je me souviens en particulier d’un ours blanc de François Pompon
qui a probablement contribué à ma “vocation“ de
sculpteur.
Mon père faisait des “modèles“ pour la confection
masculine, moi des modèles réduits.
Un peu plus tard, j’ai cherché d’autres images destinées
à alimenter mon imaginaire érotique naissant. Les minuscules
vignettes représentant les œuvres des peintres pompiers du dictionnaire,
les images didactiques piochées dans le Larousse Médical du
Foyer avec ses grandes planches anatomiques dépliantes et celles des
catalogues de La Redoute ou des Trois Suisses dans lesquels je cherchais les
pages des collections de lingeries plus ou moins suggestives. Parfois, mon
père, qui était un “Homme moderne“, ramenait de
ses voyages d’affaire un magazine masculin, que je feuilletais en cachette
avec une délicieuse conscience du péché.
Apprenti sculpteur à l’Ecole des Arts Décoratifs, je me
suis rêvé Rodin, Bourdelle, Pygmalion. J’avais enfin accès
à de véritables œuvres d’art, mais aussi a des modèles
en chair et en os (la première composante m’intéressant
davantage que la seconde).
J’ai dû attendre encore quelques années pour me décider
à en faire un travail.
Il vous est présenté ici.Stéphane Lallemand
Mars 2009
*L’imagerie d’Épinal a été fondée
en 1796 par Jean-Charles Pellerin où furent imprimées les premières
images d’Épinal en série.
Des batailles napoléoniennes aux contes pour enfants en passant par
des devinettes, l’Imagerie était au xixe siècle ce que
sont aujourd’hui les journaux ou les magazines. Elle a d’ailleurs
joué un rôle prépondérant dans la propagande du
temps du Premier Empire.
L’imagerie a grandement participé à l’essor de la
cité et lui a offert une réputation de dimension nationale et
internationale.